Lê Quan Ninh

Percussioniste
Né à Paris en 1961

Lê Quan Ninh (c) Lionel Palun

Lê Quan Ninh commence l’étude du piano dès l’âge de cinq ans puis c’est à l’adolescence qu’il débute des études de percussion. Il entre à seize ans au Conservatoire National de Région de Versailles dans la classe de Sylvio Gualda. Quatre ans plus tard, en 1982, il y obtient le Premier Prix. Parallèlement à ces études, il manifeste très tôt un grand intérêt pour l’improvisation qu’il peut découvrir lors des nombreux concerts organisés à Paris et en région parisienne à cette époque.

Sorti du conservatoire, il va enseigner trois ans la percussion au Conservatoire de Bondy et commence à jouer dans divers ensembles de musique contemporaine et au sein de compagnies de théâtre et de danse. Il persiste pourtant à se diriger en autodidacte vers l’improvisation libre. Plusieurs rencontres l’encouragent à travailler dans cette voie : le guitariste Jean-Christophe Aveline, le clarinettiste Misha Lobko et le saxophoniste Daunik Lazro dont il est un fervent admirateur depuis sa découverte lors d’un hommage à Charlie Parker organisé par le photographe Horace à Paris en 1979 et au cours duquel Daunik intervient avec violence et lyrisme.

Ensemble ils travaillent à Blois au sein de la Compagnie du Hasard de Nicolas Peskine. C’est lors d’une tournée en Pologne en 1986 que la rencontre se fait avec le saxophoniste Michel Doneda. Ce trio continuera son existence en dehors de la compagnie, donnera de nombreux concerts à travers l’Europe avant de devenir plus tard les Diseurs de Musique avec la présence du poète Serge Pey.

Depuis 1986, il est l’un des membres du Quatuor Hêlios, ensemble de percussion principalement engagé dans la création d’œuvres nouvelles mêlant percussion, théâtre musical et technologies nouvelles.

En 1987, Lê Quan Ninh fait la rencontre du contrebassiste Peter Kowald lors du festival Free Music à Anvers et c’est deux ans plus tard que celui-ci l’invite à participer à plusieurs Global Village, formations composées d’improvisateurs de différentes cultures : Kazue Sawai, Sainkho Namtchylak, Seizan Matsuda, Zeena Parkins, Junko Ueda, Ishii Mitsutaka, Leo Smith, Savina Yanatou, India Cooke, Xu Feng Xia, Werner Lüdi, Gunda Gottschalk, …

A partir de cette même époque, il participe à plusieurs Conductions de Lawrence “Butch” Morris (à Kassel, Istanbul, Verona, Manich, Sevilla, …) dont certaines seront éditées en CD.

Depuis, il participe à de très nombreuses rencontres en Europe et sur le continent américain et joue en formations régulières dans des formes où se mêlent musique acoustique et électroacoustique, poésie, performance, actions, cinéma expérimental, photographie, vidéo…

De 1992 à 2002, il est membre fondateur de l’association La Flibuste, qui organisera près de 140 actions artistiques en région toulousaine et ailleurs. Il sera membre également de Ouïe/Dire attachée à la réalisation de phonographies, des enregistrements prenant en compte non seulement l’instrumentiste mais aussi le lieu dans lequel il évolue.

La rencontre en 1993 avec George Lewis, à l’occasion de la commande du Quatuor Hêlios d’une œuvre pour informatique musicale interactive, est le départ d’un travail avec l’outil informatique. Plusieurs expériences de programmation sont réalisées en direction de l’interaction entre l’instrument acoustique et l’ordinateur dans l’improvisation ainsi que l’écriture de la pièce Oscille dont le premier mouvement est créé en 1997 par le Quatuor Hêlios au Center for Research in Computing and the Arts de l’université de San Diego (Californie) et la pièce entière, composée de trois mouvements, sera créée au festival Sons d’Hiver en 1998. En collaboration avec le mathématicien Philippe Besse, il réalise 18h22 une installation basée sur les Vexations d’Erik Satie qui met en œuvre deux ordinateurs permettant la spatialisation mouvante sur six haut-parleurs de la pièce pour piano de Satie (celle ci « devant se jouer 840 fois de suite » selon les mots du compositeur) et la substitution pixel par pixel du visage de ce dernier par celui de John Cage (et vice versa).

Ayant toujours eu une relation particulière avec la danse du fait qu’il a commencé  à improviser très tôt pour les besoins d’un cours de danse que donnait une amie chorégraphe, Lê Quan Ninh privilégie les rencontres avec les danseurs. Dans ce sens, il travaille actuellement avec Clara Cornil Iwana Masaki, Valérie Métivier, Nakamura Yukiko, Michel Raji, Pascal Delhay, Olivia Grandville, Franck Beaubois et Patricia Kuypers. Il donne régulièrement des ateliers avec la danseuse et pédagogue Kirstie Simson.

En 2000, il imagine les deux premiers projets intitulés Umwelt, une série de spectacles inspirés entre autres par les travaux de l’éthologue Jakob von Uexkel dans laquelle la cohérence artistique provient non d’une direction ni d’une volonté spectaculaire mais de l’autonomie de chaque participant mettant en relation sa propre perception du réel à travers les outils qui sont les siens.

En 2003, il est artiste en résidence dans la ville de Bienne en Suisse invité par l’Office de la Culture du Canton de Berne. Cette résidence lui permit de rencontrer des artistes suisses tel(le)s que les musicien(ne)s Charlotte Hug, Daniel Erismann, Katrin Scholl, Pierre Eggimann, Philippe Krattli, Christian Wolfarth, Tomas Korber, Roland Hausheer, Christian Maller, Gaudenz Badrutt, Claudia Binder, Jacques Demierre, Franziska Baumann, Gilles Schwab, Hans Koch, Martin Schütz, Dorothea Scharch, Jarg Solothurnmann, Lu Ying-Ying, Franz Aeschbacher, Hans Anliker, Christoph Zimmermann, Marianne Anliker, Gilles Aubry, … les danseuses Katharina Vogel, Sophie Dubrocard et la Compagnie du Quotidien, les vidéastes Maté Colin et Michael Egger, etc…

En 2006, il créé avec la violoncelliste Martine Altenburger l’ensemble Hiatus, un ensemble de musique contemporaine dont ses membres sont à la fois interprètes et improvisateurs.